vendredi 10 février 2012

Mais avec la médiation comme nécessité.

Ceux qui reçoivent les œuvres d'art peuvent (se) poser la question, est-ce de l'art ? L'esthésie pourrait suffire à développer, a minima, une opinion. Mais la réception est d'abord brouillée par la multiplication des théories déployées pour distinguer les démarches artistiques qui emprunteront des circuits, eux aussi, distincts. Cet entêtement à la discrimination est curieux parce que c'est le monde qui change et non pas l'art. L'artiste s'occupe avec constance de la vie et de l'art lui-même. L'histoire des formes est une histoire continue de pressentiments.

Imaginez le niveau du trouble quand un public non averti prend connaissance d'une présentation des expositions comme celle proposée en cet hiver 2012 par le CAPC de Bordeaux (voir plus haut). Le vertige, né de l'abondance des questionnements, ne peut que lui donner le sentiment de basculer dans un champ d'expertise fait d'artistes chercheurs (en sociologie, anthropologie, archéologie etc...). Certes, les productions de l'art sont bel et bien des objets de conscience (noèmes), mais elles n'habitent pas au même étage que celles de la science qui, elles, ont une fonction.

Combien d'adultes résisteront au choc ? Peu, car comment admettre que l'innocence de l'enfance est perdue, que l'immédiateté de l'art est une illusion ? Une manœuvre de salut est prévue : la médiation. Curieusement, c'est donc les mots qui sont appelés pour libérer l'art de l'encombrement des mots qui déterminent les processus d'élaboration des œuvres. Sauf à ne pas vouloir remplir son rôle social, l'art doit cantonner les démonstrations dans la circonspection et user de l'épaisseur esthétique pour être reconnu.

Lire l'édito n°384 d'André Rouillé sur le site de Paris-art.

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